Tunisie – Elections 2014 : Le slogan prémonitoire de Marzouki

Le chef d’État et président d’honneur du parti du Congrès pour la République (CPR), Moncef Marzouki, a officiellement déposé samedi 20 septembre, sa candidature à l’élection présidentielle 2014.

«Le plus grand danger qui menace l’expérience démocratique en Tunisie est l’argent sale et non pas le terrorisme», a-t-il déclaré, et d’ajouterque «ma candidature n’est appuyée ni par le pouvoir ni par l’argent sale mais par le soutien du peuple et le volontariat».

Lors de la conférence de presse, tenue samedi, Adnène Mansar a déclaré que Moncef Marzouki s’est présenté pour la présidentielle en tant qu’indépendant.

Pour déposer son dossier, le chef de l’Etat a eu recours à l’ANC. 14 signatures lui ont été octroyées par des députés d’Ennahdha, de Binaa national, du CRP et des indépendants.

Adnène Mansar a précisé que la campagne sera financée en partie avec les ventes du nouveau livre de Marzouki «On gagne ou on gagne…pour le Printemps arabe». A noter au passage que le livre n’est même pas encore sorti dans les librairies tunisiennes. C’est dire le sérieux de notre futur ex-président.

Mais passons, et intéressons-nous au titre de ce futur livre –qui fera donc office de slogan de campagne de M. Marzouki. Il n’est pas sans nous rappeler un autre célèbre slogan de campagne d’un certain Laurent Gbagbo, qui croupit depuis dans les geôles de la Cour pénale internationale de la Haye aux Pays-Bas.

L’ironie du sort, Laurent Gbagbo avait été arrêté en avril 2011 à Abidjan en Côte d’Ivoire, c’est-à-dire quelques mois après le soulèvement du peuple tunisien ayant chassé Ben Ali.

En effet, après plus de quatre mois de crise née de son refus de reconnaître sa défaite à la présidentielle du 28 novembre 2010 en faveur d’Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo fut capturé comme un rat par les Forces républicaines (FRCI) de Ouattara appuyées par une division de l’armée française sous mandat des Nations unies. Donc, son arrestation interviendra à l’issue d’une guerre de dix jours dans Abidjan et plusieurs jours de bombardements de la force française Licorne et de l’ONU.

Loin de nous l’idée de souhaiter le même sort au président tunisien. Cependant, au vu de l’énergie qu’il a déployée pour occuper Carthage, et les alliances qu’il est en train de tisser pour y rester, il y a à craindre qu’il soit forcé de l’abandonner… Et nous espérons que ce slogan ne va lui porter malheur, comme d’ailleurs Carthage a toujours porté malheur à ses locataires.

La toile tunisienne n’a pas tardé à réagir à ce slogan de campagne de Marzouki, faisant allusion à celui de Laurent Gbagbo. Ce plagiat “par imprudence” ne l’est peut-être pas, car avant de devenir président de la Côte d’Ivoire, Gbagbo était lui aussi un farouche opposant au président Houphouet Boigny; et il y a fort à parier que Marzouki, qui était dans la même situation que lui, le connaissait.

Maintenant, concernant le financement de la campagne de Marzouki, M. Mansar nous dit qu’elle sera “supportée” par les ventes de livre qui sortira dans les prochains jours. Soyons sérieux! Même si 50% des Tunisiens l’achetaient, il serait impossible de couvrir les frais d’une campagne présidentielle. Surtout que nous savons combien les Tunisiens sont assidus en matière de lecture.

Donc, là aussi, il y a déjà mensonge qui se profile. Et on verra comment la BCT va surveiller le compte du président-candidat.