Tunisie – Santé – Médicaments – Pénuries : C’est la faute au transport et à la Libye

“Les perturbations observées dans l’approvisionnement des médicaments sur le marché local ne concernent pas les médicaments de base et les efforts visant à les atténuer se poursuivent”, a indiqué le ministre de la santé, Abdellatif Mekki.

Au cours d’une conférence de presse tenue mercredi à Tunis, le ministre de la santé a imputé les pressions exercées sur le secteur de l’industrie des médicaments après la révolution à la perturbation du mouvement de transport des produits qui a eu un impact négatif sur l’approvisionnement du marché en produits pharmaceutiques.

“Il s’agit également de l’augmentation de la demande en médicaments, notamment avec la présence massive des réfugiés en Tunisie, soit deux millions de réfugiés qui ont afflué sur le pays après le déclenchement de la révolution libyenne, outre l’installation de 565 libyens en Tunisie”, a-t-il ajouté.

Le ministre a évoqué également l’exportation des médicaments et leur trafic et leurs répercussions sur le marché local, les médicaments tunisiens ayant été exportés illégalement vers le Tchad et le Soudan, ce qui a commandé la mise sur pied d’une sous-commission chargée de lutter contre ce phénomène.

Le ministre a, en outre, relevé l’importance de l’industrie des médicaments en Tunisie aux plans de l’organisation et des compétences, et en termes de respect de la propriété intellectuelle, indiquant que la pharmacie centrale représente un maillon essentiel de cette industrie.

Il a ajouté que l’ensemble des mesures qui ont été prises, lors du conseil ministériel, tenu depuis deux semaines, favorisera une production locale maximale des médicaments de base ainsi que l’industrialisation des médicaments anticancéreux en Tunisie ; l’objectif étant d’atteindre l’auto-suffisance en ces produits.

Parmi les autres facteurs qui expliquent cette carence en médicaments, figure l’arrêt de l’industrialisation de certains médicaments, dont le coût de fabrication excède le prix de vente.

En ce qui concerne l’insuffisance des médicaments dans le secteur privé, M. Amine Moulahi, directeur général de la pharmacie centrale, a relevé le manque de 17 types de médicaments sur une total de 1097 dans le secteur privé, contre l’enregistrement dans le secteur public, d’une carence en 23 médicaments sur un total de 1048.

S’agissant de la situation financière des structures publiques, M. Moulahi a indiqué que les montants dus par ces dernières à la pharmacie centrale s’élèvent à 280 millions de dinars à la fin de l’année en cours, alors qu’ils étaient de l’ordre de 162 MD au terme de l’année écoulée, et ce en dépit de la conjoncture difficile connue par le secteur public durant cette période.

Pour ce qui est des stocks en médicaments, le directeur général de la pharmacie centrale a précisé qu’ils ont atteint à la fin du mois de juillet 2012, trois mois et cinq jours contre trois mois et 12 jours, enregistrés au cours de la même période de l’année 2011, soulignant que l’évolution des ventes exige une forte mobilisation des ressources financières qui devraient dépasser les 50 millions de dinars.