Idées et Débats : Discours politique tunisien… Cap sur la violence

Quand des responsables politiques et autres leaders d’opinions commencent à multiplier les menaces, les propos haineux, à semer la zizanie, comment s’étonner que la violence se propage dans les populations dans quasiment toutes les régions du pays? A l’heure où tout est devenu un prétexte pour envenimer les rapports sociaux, notamment ceux avec les représentants du pouvoir, opposition ou Troïka, où va-t-on quand la parole politique n’est plus que haine?

Ce constat, Gilles Kepel en a noté les implications lors de son récent séjour à Sidi Bouzid. Il explique «l’absence de tout discours des élites, comme si ces élites n’arrivaient pas à communiquer avec le peuple et ne trouvaient ni le vocabulaire approprié ni les moyens efficaces pour véhiculer leurs messages».

La violence est un phénomène qui affecte désormais toute la Tunisie. De Dar Chaabane à Sidi Bouzid à Menzel Bouzaïane en passant par les Berges du Lac, l’enceinte de l’Assemblée constituante, la présidence de la République, les plateaux de télévision, les émissions de radio, les rédactions des journaux, … La violence incessante est verbale, morale, parfois physique. Qui se soucie d’apaiser, de proposer, de construire, de donner de l’espoir?

Quand les dérapages et trébuchements glissent vers la violence, nous sommes bien loin du jour où, suite aux incidents de Metlaoui de l’année dernière, une délégation de «sages» s’était rendue sur place pour calmer les esprits. A l’époque, il y avait des voix à récupérer! Les élites politiques ne semblent plus mues que par de l’opportunisme et tant que le militantisme, et l’action politique est assimilée à cela, les Tunisiens se désintéresseront de plus en plus de la chose politique et de l’engagement.

Regarder les élites passer le plus clair de leur temps à s’insulter, s’accuser, se dénigrer, et se détruire, cela déçoit les jeunes. Ils ne comprennent pas que les relations politiques ne soient motivées uniquement que par les jeux et enjeux électoraux. Au vu de leur quotidien qui ne change pas, ils n’attendent même plus un discours apaisant et réconciliateur. Ils ne croient plus en rien… Et surtout pas en eux, alors que la jeunesse brillait d’espoirs au lendemain du 14 Janvier 2011.

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