Tunisie – Dissolution de l’INRIC : Le Gouvernement agite la question de la liste noire des journalistes corrompus

La présidence du gouvernement provisoire a indiqué qu’elle a été surprise par l’annonce de la dissolution de l’Instance nationale indépendante pour la réforme de l’information et de la communication (INRIC) par son ex-président, Kamel Labidi, “sans concertation préalable ou information des parties concernées de l’autorité de tutelle qui a créé cette structure, désigné son premier responsable, garanti son indépendance et facilité son travail”.Dans un communiqué adressé à l’opinion publique dont l’agence TAP a reçu une copie, jeudi, la présidence du gouvernement a remarqué que l’ancien premier responsable de l’Instance a accusé faussement le gouvernement de “contrôle et de désinformation”, alors qu’il avait, “présidé une haute instance avec laquelle le gouvernement a agi avec sérieux et respect dans le contexte de l’effort national pour réaliser le processus de transition démocratique”.

La présidence du gouvernement a rappelé, que le gouvernement et toutes les parties concernées par le paysage médiatique continuent à déployer des efforts pour la gestion du domaine de l’expression et du climat de liberté “bien qu’elle n’ait pas bénéficié d’une couverture médiatique qui représente une passerelle avec le peuple, contrairement à ce qui se passe dans tous les régimes transitoires et les démocraties bien établies”.

Le communiqué a ajouté que cette situation a rendu le paysage médiatique unipolaire avec un seul point de vue, semblable à la situation qui prévalait sous l’ancien régime, mais plutôt dans le sens de l’hostilité à l’égard gouvernement élu démocratiquement.

D’autre part, la présidence du gouvernement indique, dans son communiqué, que “ce qui aggrave la situation, c’est que des structures chargées de défendre une information libre et plurielle, jouent un rôle de défenseur acharné de l’unipolarité du paysage médiatique, dépassant les frontières nationales vers une tentative de verrouillage des établissements de presse poussées par les politiques partiales de l’INRIC à diffuser de l’étranger, après “avoir été privés sans raison des autorisations”.

Le communiqué a rappelé également les circonstances qui ont entouré l’invitation de certains symboles du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) dissous à participer en direct à une émission télévisée sur la chaîne publique “Wataniya 1”, émission ayant provoqué une vague d’indignation auprès de l’opinion publique.

La participation des Rcdistes a été considérée comme étant “une adhésion au courant contre-révolutionnaire”, “une négation totale des acquis de la révolution” et “un prélude au retour des rcdistes à la scène nationale”, ainsi qu’une tentative visant à promouvoir leur image de marque”, lit-on dans le même communiqué.

La dissolution de l’INRIC “ne doit pas se transformer en une entrave au processus de réforme médiatique, notamment l’examen des décret-lois N°115 et 116 régissant le secteur” et “ne doit nullement constituer un alibi pour couvrir les corrompus d’autant que la liste noire des journalistes impliqués avec le régime déchu” n’a pas été publiée, relève le communiqué.

La présidence du gouvernement se déclare convaincue, en tant que gouvernement élu, que les médias doivent être à l’abri de “toute forme d’ingérence gouvernementale” et qu’ils doivent disposer des moyens financiers qui les mettent à l’abri du chantage et de la manipulation”, souligne la même source.

“Il est du devoir des médias de ne plus servir des intérêts catégoriels, raciaux, politiques et financiers” et qu’il ne doivent plus pas être craintifs ou élogieux aux détriment de la vérité”.

Le communiqué réaffirme la position de principe du gouvernement contre tout retour à la dictature soulignant qu’il s’agit d’une constante qui ne prête pas à équivoque, et que le gouvernement n’a pas peur des critiques ou du contrôle des médias libres et responsables.

“Le gouvernement soumettra les projets de loi relatifs au secteur médiatique à l’Assemblée nationale Constituante (ANC) après le parachèvement de la consultation nationale engagée à cet effet et en collaboration avec les acteurs médiatiques”.

“Le gouvernement est déterminé à oeuvrer de concert avec l’ANC en vue d’adopter des lois garantissant l’équité, la transparence et l’efficacité dans la répartition de la publicité publique sur les journaux, réaffirmant l’engagement à les doter d’équipements et de ressources de financement nécessaires pour que les médias publics audio-visuels puissent accomplir leur mission au service du citoyen”, conclut le communiqué.

WMC/TAP