Samedi 06 mai 2017, l’Association tunisienne de lutte contre le Cancer (ATCC) atteindra l’âge de trente ans. Fondée en mai 1987, cette association caritative a beaucoup fait pour lutter contre le mal du siècle et pour accompagner et soutenir les personnes atteintes du cancer dans notre pays. Parmi les tâches les plus importantes auxquelles elle s’est attelée : la prévention, l’information, la sensibilisation et la formation.
Le 6 mai sera un «porte ouverte» qui commencera à 10h pour prendre fin à 18h à la pédagothèque de l’ATCC.
Le cancer est devenu un fléau en Tunisie. Il est d’ailleurs la deuxième cause de décès dans notre pays après les maladies cardiovasculaires. D’après les estimations de l’OMS, publiées dans un rapport du ministère de la Santé, le cancer est responsable de 16% de tous les décès (7.339 décès par an), et l’incidence du cancer est de 12.189 nouveaux cas en Tunisie chaque année.
L’ATCC a, elle, entre 1993 et 2016, fait bénéficier de ses services à 25.135 personnes atteintes qui venaient de tout le territoire national pour recevoir des soins et n’ont pas où se loger alors qu’elles devaient subir des traitements lourds tels la chimiothérapie, la radiothérapie ou autres.
Des centres d’hébergement ont été aménagés à l’intention de ces malades dépourvus de moyens. Le nombre de nuitées dans ces centres a atteint les 93.474 nuitées.
Alors que, selon les autorités officielles, le fardeau économique pour le traitement des différentes formes de cancer est très lourd, en raison de la complexité du traitement et à cause des diagnostics tardifs, Dr Farhat Ben Ayed, fondateur de l’ATCC et son équipe ont pu ramasser les fonds nécessaires pour offrir des appareils de mammographie pour dépister le cancer des seins chez les femmes aux hôpitaux de Salah Azaiez en 1991 et de Gabès en 2003.
En 1992, les dons de la Bombe de Cobalt ont profité à l’hôpital régional de Sfax et l’hôpital Farhat Hached à Sousse où, malgré ses moyens modestes, l’ATCC a procédé à l’agrandissement de son service de cancérologie. Les établissements hospitaliers de Béja, Menzel Bourguiba, Gabès et Nabeul ont été dotés de microscopes, et ceux de Tunis et Kairouan des équipements nécessaires aux analyses biologiques.
Le rôle des associations, telle que l’ATCC, est très important dans la prévention de tous les genres du cancer mais aussi dans la lutte contre la propagation du tabagisme dans les milieux scolaires et universitaires.
Dans le cadre des actions entreprises par l’Association dans ce sens, 27 journées d’information et 13 autres de soins palliatifs ainsi que l’organisation de la journée «Train sans tabac».
Les soins dispensés aux personnes atteintes du cancer dans notre pays sont très onéreux, d’où l’importance, pour assurer la qualité de la prise en charge des patients de l’efficacité des thérapeutiques, d’une collaboration étroite et coordonnée de l’ensemble des intervenants.
A ce jour, l’accès aux prestations de soins reste, de l’aveu même des pouvoirs publics, très difficile.
Devant le cancer, une maladie à démystifier impérativement, le traitement est inéquitable, entre personnes socialement défavorisées et géographiquement éloignées des grandes villes universitaires, incapables même de payer les frais de transport pour se faire soigner dans les centres spécialisés et les personnes nanties.
La qualité des services de cancérologie est également inégale, d’où les «lacunes qui existent dans les activités de prévention». L’approche multisectorielle, indispensable dans ce domaine, trouve d’énormes difficultés pour se concrétiser. Et pourtant, les pouvoirs publics pourraient faire appel aux acteurs très présents sur terrain pour les seconder dans la prise en charge d’une maladie onéreuse et très lourde pour le patient et les familles.
Cela entre dans les attributions de l’ATCC et d’autres associations qui se sont engagées dans une guerre sans fin contre la maladie la plus meurtrière de tous les temps.
Nombreux sont les personnes atteintes du cancer qui trouvent le chemin de la guérison, d’autres succombent.
Et pour les trente ans de l’ATCC, le président et les membres de l’association ont choisi de chanter la vie en organisant un récital de flûte, violon et piano avec respectivement Issam et Nadim Garfi et Todor Petrov, vendredi 5 mai à 19h30 à l’Acropolium de Carthage.
La vie est toujours plus forte que la mort, et pour l’ATCC, le cancer ne doit jamais sortir vainqueur.
Amel Belhadj Ali