Lever de rideau des JTC 2016 : Cérémonie Hommage à la mémoire et à l’oeuvre de feu Moncef Souissi

Sur un tapis plutôt ” bleu ” déroulé tout au long de l’allée qui menait vers l’entrée de la salle le Colisée à Tunis, les stars du 4ème Art se sont montrées plutôt discrètes à leur arrivée vendredi soir à la cérémonie d’ouverture de la 18ème édition des Journées théâtrales de Carthage (JTC).

Réclamant leur identité arabe et africaine, les JTC se sont ouvertes par deux pauses musicales aux rythmes exotiques du Continent africain qui ont égayé l’ambiance un peu morose de cette soirée qui a été réservée plutôt à des hommages posthumes à la mémoire d’éminentes figures du théâtre qui demeurent toujours présentes dans la mémoire de leur public et de la famille théâtrale.

Une voix éternelle et une audace inébranlable dans la défense des causes humaines, la poésie de feu Sghaier Ouled Ahmed a aussi fait son entrée dans ce festival théâtral à travers une lecture faite par les actrices Zahira Ben Ammar, Sonia Zarg El Ayoun et Habiba Baccouche.

Animée par Mohamed Raja Farhat, artiste pluridisciplinaire (acteur, écrivain et metteur en scène) et Chekra Rammeh, actrice pour le théâtre et la télévision, la cérémonie inaugurale des JTC a rendu hommage à ceux qui ont marqué le 4ème Art dont feu Ahmed Senoussi et le Marocain Tayeb Seddiki, un grand ami des hommes de théâtre tunisiens.

En guise d’hommage au fondateur de ces Journées, feu Moncef Souissi décédé le 6 novembre 2016, la cérémonie d’ouverture a été marquée par la projection d’un court documentaire faisant la lumière sur un demi-siècle de dévouement pour le théâtre, d’un homme habité par sa passion depuis sa tendre enfance.

Beaucoup de ses compagnons de route étaient présents dont Tawfik Jebali, Raouf Ben Amor et Mohamed Midouni qui l’ont côtoyé depuis ses débuts à la troupe de théâtre du Kef, jusqu’à la création du Théâtre national tunisien (TNT) en 1984 et le lancement du premier noyau des JTC qu’il avait dirigé de 1987 jusqu’au début des années 90.

Le film donne à voir quelques segments dans les petites ruelles de la médina de Tunis, témoin des débuts de ce pionnier du théâtre, un homme révolté et nerveux, parfois, mais sérieux et engagé dans son travail.

Outre le côté humain, le film dresse le portrait d’un pionnier qui avait activement et largement participé à révolutionner le théâtre tunisien. Avec ses collègues alors étudiants de la première école de théâtre dans le pays, Moncef Souissi, influencé par l’école de Bertolt Brecht et celle de William Shakespeare était sorti de la lignée du théâtre considéré alors classique de son maître Ali Ben Ayed.

Avec les jeunes de sa génération, dont Tawfik Jebali, Ali Louati, Fraj Chouchane, ils ont réclamé un théâtre à tendance révolutionnaire.

Après la cérémonie hommage, les invités des JTC ont dû quitter le Colisée vers la salle le Rio pour assister durant 80 minutes à la pièce “Radeau”, mise en scène de Cyrine Gannoun et Majdi Boumatar, pièce prévue pour le lancement du programme officiel du festival.
Fille de l’homme de théâtre feu Ezzeddine Gannoun, disparu en mars 2015, Cyrine a rendu possible le projet de son père, porteur d’une approche artistique et un questionnement philosophique sur la trajectoire des réfugiés en Méditerranée dont le calvaire renvoie à la symbolique de la dualité de la vie et de la mort chez l’Homme.