“Tuni-chiens”, c’est ainsi que des policiers français imprégnés des principes républicains et des valeurs citoyennes ont traité un sans papier Tunisien au sortir du Centre de rétention de Mesnil Amelot. Le jeune homme n’était pas un criminel ou un extrémiste, il espérait avoir une vie meilleure dans le pays des droits de l’homme et en lieu et place il a vu ses concitoyens porter de force des casques de boxeurs à l’envers pour qu’ils ne crient pas.
D’autres croyant encore au rêve français ont avalé des clous pour qu’on ne les renvoie pas chez eux. Nous ne sommes pas très loin de l’Abou-Ghraieb américain. Que c’est beau la démocratie occidentale surtout lorsque ceux qui sont censés en profiter ne proviennent pas de pays riches en hydrocarbures !
Les Français sont dans le déni. Ils sont dans le déni de leurs responsabilités dans la montée de l’extrémisme religieux dans leur pays. Ils sont dans le déni de la main-mise du courant wahhabiste via l’Arabie saoudite et le Qatar chez eux, tout cela pour des questions d’intérêt économique.
Un contrat de 6,3 milliards de $ a été signé avec le Qatar en 2015. Cet Émirat n’achète pas que des armes, il investit dans l’immobilier, dans les services, dans le sport et dans les cités pauvres où les immigrés maghrébins et leur progénitures vivent dans des ghettos. Les traiter de citoyens de seconde zone ou laisser l’extrémisme se propager dans leurs murs, n’est pas le plus grave. Tant qu’on n’est pas dans l’antisémitisme et tant que la sécurité des Français de souche n’est pas menacée, qu’à cela ne tienne, les “beurs” peuvent vivre dans un dénuement culturel et identitaire absolu.
On peut laisser les cheikhs wahhabistes propager leur venin dans leurs cités et les envoyer comme de la chair à canon protéger les intérêts occidentaux sous l’étendard noir de l’opposition syrienne “modérée” (adorée par Laurent Fabius). Tant que les “takfiristes” terroristes tuent ailleurs, les Français et leurs agents de l’ordre ne sont pas concernés.
Jusqu’à ce qu’à ce que la magie se retourne contre son magicien et que ceux qui assassinaient sous couvert de démocratie les civils syriens, rentrent dans leur pays d’adoption. Ceux qui pensaient être épargnés par l’islam politique et ses ramifications violentes, ont réalisé tout d’un coup que le Terrorisme s’est propagé telle une épidémie partout dans le monde. Comble du malheur pour les Tunisiens qui souffrent eux aussi des affres du terrorisme, celui qui a perpétré l’attentat de Nice est un Tunisien qui vit depuis 10 ans dans l’Hexagone. Il n’est pas qatari, il n’est pas Saoudien, il n’est pas Emirati. Par conséquent les foudres de l’enfer peuvent tomber sur tous les Tunisiens!
L’argent n’a pas d’odeur
La France a au cours des dernières années vendu pour 16 milliards d’euros d’armements dont la moitié a été payée par l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes Unis. Une raison suffisante pour que les ressortissants de ces pays, cause de tous les malheurs aussi bien des Français que des Tunisiens ne soient pas traités de Qatari-chiens, Saoudi-chiens ou Emirati-chiens. Ils sont riches et utiles pour l’industrie de l’armement française, c’est une raison suffisante pour qu’on ignore le financement des mosquées salafistes édifiées à 80 % par les fidèles eux mêmes (sic) d’après un rapport établi récemment par une commission française.
Il n’est de pire aveugle que celui qui ne veut rien voir. Valse lui même a défendu les fiefs du wahhabisme : l’Arabie Saoudite et le Qatar n’ont rien à voir avec Daech, a-a-t-il assuré. Tant mieux pour lui si cela le rassure. La réalité est autre.
L’argent est le nerf de la guerre dit-on et les pays cités plus haut ont Les moyens de tout acheter. A chacun son prix, de la prostitution à l’échelle de simples individus, nous en sommes aujourd’hui à celle des États. C’est ce que le site Aterinfo n’a pas manqué de relever.
Dans une étude publiée par l’IRIS, nous pouvons lire “Les qataris disposent de ressources importantes liées à la rente énergétique qu’ils souhaitent investir à moyen et long terme pour inscrire la croissance et le développement économique dans la durée. Les investissements du Qatar en France sont ainsi nombreux et significatifs, assurés à la fois par le fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA), par la Qatar National Bank (QNB) et par de grands groupes qataris (Katara Hospitality, Qatar Airways etc.). Ils permettent le maintien ou la création d’activités, d’emplois et soutiennent le développement de start-ups et de petites entreprises dans des domaines aussi divers que l’hôtellerie de luxe, le transport, l’aéronautique ou le BTP… ”
Eh oui, ce n’est pas parce que la France est civilisée et républicaine qu’elle n’accepte pas les fonds venus des pays du Golfe même si à terme, ils peuvent menacer sa sécurité. L’Argent n’a pas d’odeur et c’est pour cela qu’un policier français ose s’attaquer à un jeune Tunisien héritier d’une civilisation millénaire et pas aux ressortissants des pays du Golfe dont les pays ont vu le jour, il y a, à peine, un siècle.
Pauvre de Jean Jacques Rousseau qui avait influencé la pensée philosophique française et qui avait “une conception large de l’humanité qui évite de réduire l’homme à un caractère, une couleur de peau, un statut social”, pauvre de Victor Hugo qui avait mis la misère humaine au coeur de ses œuvres.
En guise de misère, c’est à une grande misère morale chez certaines souches de la société française que nous assistons aujourd’hui.
Quant à la Tunisie, elle restera grande et racée malgré sa “pauvreté”, et pour l’histoire avant même que la Gaule (l’actuelle France) ne soit occupée par les Romains, Carthage était l’une des plus grandes civilisations du monde. A l’époque, la France n’existait pas, elle était habitée par des tribus.
Amel Belhadj Ali