Tunisie : Appel à la mobilisation contre la violence faite aux femmes

femme-violence-tunisie-directinfoUn appel à la mobilisation pour apporter un large soutien civique à la loi intégrale contre la violence faite aux femmes a été lancé, mardi, à Tunis, par les représentants de la société civile participants au forum national des associations.

Il s’agit d’abolir certaines lois discriminatoires dans la législation tunisienne, ont souligné les représentants de la société civile, mettant l’accent sur la nécessité de soutenir activement le projet de loi contre la violence faite aux femmes, approuvé dernièrement par le conseil ministériel, et ceci dans le but d’être adopté par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).

“L’adoption du projet contribuera à éradiquer les racines de la violence dans la société, et d’établir des fondements solides valorisant la femme et son statut” ont-ils estimé.

De son côté, Leila Joudane, représentante du Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), a souligné la nécessité d’inclure dans cette loi toute les formes de violence, qu’elle soit physique, psychologique, sexuelle ou économique.

“La loi doit obliger l’Etat à lutter contre ce phénomène, en reconnaissant le statut de victime pour la femme violentée, et en instituant des politiques et des stratégies dans les différentes structures étatiques concernées”, a-t-elle insisté.

Pour Joudane, la loi intégrale sur la violence faite aux femmes doit accorder une place importante aux mesures relatives à la protection de la victime, comme, par exemple, interdire à l’agresseur de communiquer avec la victime et ses enfants ou l’éloigner du domicile familial en cas de danger.

Samia Daoula, chargée de mission au ministère de la Femme, a fait remarquer que l’adoption de la loi permettra de réaliser un bond qualitatif dans la législation tunisienne, en changeant la vision stéréotypée “justifiant” et “banalisant” la violence à l’égard des femmes

“En plus d’inclure des mesures relatives à la protection, à la prévention et à la sanction, la loi intégrale introduit des moyens techniques à travers la création d’un observatoire qui aura pour fonction d’élaborer des statistiques et des études sur toutes les formes de violence faite aux femmes”, a-t-elle plaidé.

Pour Samira Merai Friaa, ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, la violence faite aux femmes est une question sociale par excellence, et qui ne peut être éradiquée sans une grande mobilisation et sans l’adhésion de tous les acteurs sociaux, entre journalistes, politiques et société civile.

Dans le même contexte, la ministre a souligné l’urgence d’une loi prévoyant aussi bien des préventives que dissuasives, afin de lutter contre la montée du phénomène de la violence faite aux femmes dans l’espace public, qui a atteint les 53%.

Merai a, toutefois, reconnu que l’adoption de la loi intégrale contre la violence faite aux femmes n’est pas suffisante pour changer les mentalités et les comportements, et pour ancrer la culture de la non-violence au sein de la société.

Initié par le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, le projet de loi intégrale sur la lutte contre les violences faites aux femmes a été approuvé le 13 juillet 2016 par un Conseil ministériel.

Le Forum national des associations a été organisé par le Centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme (CREDIF) avec le soutien de l’Union Européenne (UE) et le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) et s’inscrit dans le cadre de la fête nationale de la femme célébrée le 13 août chaque année et qui coïncide cette année avec la célébration de la 60ème année de la publication du Code du Statut Personnel (CSP).