Virtuoses du violon en quête d’entrée à la Yahudi Menuhin School

Debout devant le public du théâtre municipal de Tunis, Bacem Anes Romdhani tenait son violon d’une main, l’archet de l’autre.

Ses yeux pétillants et son côté juvénile épousaient bien son calme, ses mouvements énergiques et l’impatience dans son regard en face du Maestro Hafedh Makni.

Trente huit minutes, le temps d’une captation filmée, le 14 avril 2015 au théâtre municipal, ont été suffisantes pour replonger les mélomanes et les supporters des bonnes causes dans le monde mystérieux de Tchaïkovski.

Un concerto pour violon de Tchaïkovski a ainsi été présenté, jeudi soir, à la soirée des jeunes virtuoses, parrainée par l’association Mawel et soutenue par le British Council et le Théâtre National Tunisien (TNT).

Tenue à la salle du 4ème Art, à Tunis, la soirée est organisée en hommage à la Yahudi Menuhin School, l’école de musique fondée en 1962 au nom du célèbre violoniste Yahudi Menuhin, qui accueille le virtuose Romdhani.

Cette manifestation s’inscrit également dans le cadre d’une campagne de recherche de fonds afin de faciliter l’entrée de la tunisienne Ghofrane Miladi à cette école londonienne, en septembre prochain.

Un second documentaire sur le parcours de Anes, signé Hichem Ben Ammar

Un an déjà, depuis que Romdhani avait interprété le concerto pour violon de Tchaïkovsky. C’était un défi double puisqu’il devait jouer une oeuvre considérée des plus difficiles mais aussi des plus jouées de nos jours dans les salles de concerts symphoniques.

D’ailleurs, le violon de Romdhani n’est qu’une copie exacte du violon de Yahudi Menuhin, d’après Mariem Bourguiba, présidente de la Fondation Bourguiba qui assure son sontien à Londres.

En 2007, Romdhani avait intégré l’école Yahudi Menuhin, la plus select des écoles de musique londoniennes grâce à l’appui et au soutien de mécènes tunisiens. C’était à travers les fonds rassemblés et gérés par l’association Mawel et la Fondation Habib Bourguiba Junior qui ne cesse de l’épauler.

Filmé sous la caméra du plus documentariste des cinéastes tunisiens, le concerto donné par l’Orchestre symphonique tunisien (OST) sous la direction de Hafedh Makni, s’ajoutait aux centaines de fois où il a été enregistré par les plus grands solistes. Une captation à trois caméras de l’intégralité du concert réalisée par Hichem Ben Ammar qui dit avoir commencé à filmer ce jeune virtuose depuis qu’il était encore enfant.

“C’était avant même l’an 2007, date à laquelle il a été admis à la Yahudi Menuhin School”, a-t-il affirmé. “Un conte de faits” (Kene ya makene fi hadha Ezzamene), était le film documentaire réalisé en 2010 par Ben Ammar sur le parcours du jeune violoniste âgé aujourd’hui de 19 ans.

La captation du premier concerto de Romdhani marque le début du tournage d’un nouveau documentaire sur le parcours du violoniste et son entrée dans une carrière internationale.

Près de neuf ans après, il se lance dans une nouvelle expérience documentaire sur la vie du virtuose du violon devenu adulte. “Le documentaire devra prendre encore trois ans”, a estimé Ben Ammar.

Ghofrance Miledi, la nouvelle prodige du violon

Née le 31 décembre 2002, Ghofrance Miladi était sur scène en seconde partie de la soirée. Accompagnée au piano par Toyoko Azaiez, la jeune violoniste a interprété deux morceaux de concertos pour violon de Mozart et de Telemann. Une belle prestation en présence de son père qui dit l’avoir inscrite au conservatoire. “Elle avait à peine trois ans quand elle a fait ses premiers pas avec le professeur Hafedh Makni”.

Par la suite, elle a été encadrée par Anis Gharbi et Hichem Makni au violon et pris des cours de piano chez Helmi Mahfoudh. Au conservatoire national de Tunis chez Rachid Koubaa, elle avait réussi à décrocher le premier prix du concours international Vatelot Rampal en 2014.

A peine 13 ans, Ghofrane s’ajouterait sur la liste des virtuoses tunisiens de l’instrument à cordes qui l’avaient précédée à la prestigieuse école londonienne, en l’occurrence la célèbre Yasmine Azaiez et Bacem Anes Romdhani qui poursuit déjà ses études universitaires à la Guilford Academy for Music and Drama.

Des donateurs s’engagent à accompagner ces virtuoses

Admise depuis 2015, la jeune violoniste espère faire son entrée à la prestigieuse Yehudi Menuhin School. Elle est dans l’attente, tout comme l’était Romdhani dont l’entrée au Menuhin School n’avait été possible sans le soutien des donateurs tunisiens qui ont cru en l’avenir de ce virtuose du violon. Pour Ghofrane, beaucoup de mécènes privés sont dans la course pour la soutenir avant septembre prochain, date de démarrage des cours à ladite école.

A pris part à la soirée, Amel Ben Ammar Gaied présidente de l’association Mawel qui dit être “en charge des comptes de Anes et gérera ceux de Ghofrane”. Meriem Bourguiba présidente de la Fondation Habib Bourguiba Junior a, pour sa part, affirmé que la fondation continue de chercher des fonds pour ces jeunes”. Selon Hichem Ben Ammar, la Fondation Kamel Lazaar a déjà affiché sa disposition à soutenir les études de Ghofrane.

Toujours engagé pour un meilleur avenir à ces solistes, le documentariste est aussi celui qui a facilité la collecte de fonds pour la scolarisation de Romdhani. Des actions qui émanent de ce “fort élan de solidarité et d’entraide grâce à l’engagement de la societe civile”, afin de garantir l’avenir de ces virtuoses de la musique savante.