Tunisie – UE : “Le chemin vers une démocratie réelle, reste long avec un taux de pauvreté de plus de 25%”

“Aujourd’hui, le chemin reste long pour parvenir à une démocratie réelle, malgré toutes les réalisations post-révolution (élections transparentes et liberté de presse..), surtout que plus de 25% de la population tunisienne, sont pauvres et analphabètes.

Le pays compte actellement, environ 870 mille familles nécessiteuses”, a affirmé, le ministre de affaires sociales, Ahmed Ammar Youmbaii.

Intervenant samedi à Tunis, à un colloque scientifique sur “la politique économique de l’UE vis-à-vis des pays de la rive Sud de la méditerranée : points de vue critiques”, le ministre a considéré qu’une démocratie réelle passe obligatoirement par la transformation sociale, rappelant que la révolution tunisienne (17 décembre 2010-14 janvier 2011) est une révolution sociale contre le chômage, la pauvreté et l’exclusion.

“Pour ce faire, la priorité du gouvernement pour instaurer une démocratie réelle est d’arriver à garantir, dans les plus brefs délais, une paix sociale dans le pays, à travers le lancement d’un dialogue social responsable entre les trois partenaires sociaux (UGTT, UTICA et gouvernement ) et la mise en place d’un socle national de protection sociale qui garantisse aux tunisiens un revenu, des soins et une éducation pour les enfants gratuits, et pourquoi pas un logement décent”, a-t-il poursuivi.

“Concernant le dialogue social, un projet de loi pour la création d’un conseil national de dialogue social vient d’être présenté au conseil des ministres. Cette loi sera promulguée avant la fin de l’année en cours, après son adoption par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).La création de ce conseil va permettre de donner un nouvel élan au dialogue social”.

Le ministre a annoncé la conclusion le 13 octobre 2015, d’une convention politique cadre régissant le secteur agricole (salaires, congés, avancement professionnel…), entre l’UGTT et l’UTAP.

S’agissant du projet de socle national, le département des affaires sociales a pu l’inscrire dans les nouvelles orientations du plan quinquennal (2016-2020). Des négociations directes avec les partenaires sociaux et la société civile, seront engagées à cet effet, a t-il fait savoir.

Pour sa part, Khaled Chaabane, coordinateur du projet de coopération scientifique avec l’Afrique du Nord, de la fondation Rosa Luxemburg Tunis (fondation politique allemande à but non lucratif) a souligné la nécessité d’asseoir les relations entre les pays sur le principe d’équité, pour que les intérêts des uns, ne se réalisent pas au détriment des autres.

D’après Chaabane, le système économique néo-libéral que la Tunisie a pratiqué depuis longtemps, et ce même avec les gouvernements qui se sont succédé depuis la révolution, est à l’origine des inégalités sociales et régionales constatées dans le pays. La garantie d’une démocratisation réelle et de la dignité humaine, revendiquée par la révolution, passe par la réalisation d’une avancée réelle au niveau des libertés de presse et d’opinion.

Au sujet des négociations sur l’accord de libre-Echange complet et approfondi «ALECA», qui s’inscrit dans le cadre du partenariat privilégié entre l’Union Européenne et la Tunisie adopté le 19 novembre 2012, Chaabane a relevé que des études concernant ces négociations ont focalisé l’attention sur les répercussions négatives que pourrait avoir cet accord sur l’économie tunisienne, et notamment dans les domaines de l’agriculture et des services.

De son côté, Wilfried Telkamper, directeur du département de la coopération internationale, fondation Rosa- luxemburg-Berlin a appelé la Tunisie qui vient d’entamer les négociation sur l’accord “ALECA”, à diversifier ses relations et à ne pas se contenter uniquement des relations avec l’UE pour s’assurer un développement plus d’autonome.

Pour lui, il est important que la coopération économique entre l’UE et la Tunisie permette de mettre en œuvre des approches sociales, pour contrer le capitalisme qui lui est basé sur la réalisation du profit, au détriment des pauvres et des exclus.