Tunis – Washington : Ultime échec de la diplomatie tunisienne?

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De nos jours, l’ambassadeur n’est plus qu’une boîte aux lettres ou un standard téléphonique, il peut être joint à chaque instant; et en sa qualité de représentant du président de la République, chaque mot lui est prescrit, il n’a plus aucune latitude dans ses instructions, et c’est lui, pratiquement, le seul trait d’union entre deux Etats.

La Tunisie a, notamment, été le symbole d’une diplomatie orientée sur son ouverture sur les quatre coins du monde, sur le respect mutuel même avec les grands acteurs internationaux et fut l’emblème de la tolérance, de l’équilibre et de la lucidité.

Notre pays a su, depuis l’ère de Bourguiba, participer à la résolution et/ou médiation des conflits des plus sensibles qu’a connus le monde arabe (tels que les conflits libyo-saoudien et algéro-marocain), mettant ainsi en valeur l’efficacité de nos diplomates et la clairvoyance de notre diplomatie -stratégie et maturité.

A l’occasion de la visite d’Etat de Béji Caïd Essebsi (BCE) aux Etats-Unis d’Amériques (USA), le 21 mai 2015, sur invitation du président américain, Barack Obama, ce dernier a réitéré le soutien de son pays à la Tunisie dans la mise en place d’un régime démocratique et fera en sorte que les aides américaines destinées à la Tunisie soient doublées et atteignent les 134 millions de dollars, proposées pour l’année prochaine.

Dès cette annonce, la diplomatie tunisienne aux Etats-Unis, chapotée par l’ambassadeur à Washington, Fayçel Gouiaa, devait défendre le dossier tunisien devant les décideurs américains ainsi que devant les lobbies qui demandaient davantage d’informations quant aux grandes lignes de la politique du gouvernement tunisien en matière de lutte contre le terrorisme et la gestion des fonds publics, deux sujets qui ont été tant critiqués par l’administration Obama.

Hélas, la décision du Sénat américain vient de tomber comme une boule de feu: le budget destiné à la Tunisie sera réduit de plus de 50 millions de dollars pour manque de coordination et passivité de notre représentation diplomatique à Washington. Il est clair qu’il y a eu une défaillance au niveau du travail qui est supposé être fait par la mission, à savoir préparer de telles échéances et prévenir les résultats. Les analystes mettent la responsabilité sur le «Head of Mission» qui n’a pas su convaincre les législateurs américains et n’a pas assuré sa tâche de négociateur, menant ainsi à la décision d’accorder seulement 86 millions de dollars au lieu de 134 millions initialement promis par l’administration de Barack Obama.

«Instaurer une culture démocratique ne démarre pas et ne prend, en effet, pas fin avec la tenue des élections», a rapporté un témoin du panel organisé par l’International Republican Institute, le National Democratic Institute et la Fondation internationale pour les systèmes électoraux, quelques jours avant la tenue de l’audience du Sénat le 14 juillet, à laquelle l’ambassadeur tunisien aux USA était présent.

Rappelons dans le même contexte, qu’en avril dernier, Antony J. Blinken, secrétaire d’Etat adjoint américain, avait déclaré que le «le président des Etats-Unis, Barack Obama, cherche à porter le budget d’aides sécuritaires à la Tunisie à plus de 200%. Les aides sécuritaires peuvent être sous forme d’équipements, d’armes, d’assistances techniques ou d’échange de renseignements».

Un sacré coup dur pour la diplomatie tunisienne…

Issam Khemakhem