Expériences et défis des institutions culturelles dans le Monde Arabe

Des acteurs culturels de Tunisie, Liban, Emirats arabes et d’Egypte ont pris part à la table ronde portant sur le thème “Le futur incertain: les institutions culturelles dans le Monde Arabe”, la dernière d’une série de conférences organisées au Musée National du Bardo à la manifestation “Jaou-Tunis 2015” (28-31 mai).

Cette rencontre a été animée par Sultan Al Qassemi, président de “Arjeel d’Art Foundation”, à Sharjah (Emirats Arabes Unis), en présence des invités de la Fondation Kamel Lazaar qui organise l’événement.

La dynamique culturelle aux EAU, un pays où pousse une panoplie de galeries d’art est plus que visible dans l’expérience de la Foire Art Dubaï. Antonia Carver, directrice de La Foire Art Dubaï parle d’un immense complexe de “92 galeries de 82 pays” au sein de la foire qui “vise à créer d’autres connexions avec des pays d’Asie et d’Afrique”, a-t-elle mentionné.

La foire Art Dubaï ambitionne de repenser l’institution culturelle pour faire de la foire “un espace d’art contemporain surtout au niveau arabe”, souligne la directrice.

Mais dans d’autres pays arabes, l’investissement dans la culture est confronté à un double défi, celui du financement et de la politique générale. C’est ce que l’un des conférenciers présents appelle “instrumentalisation». La question qui se pose alors est comment peut-on utiliser les institutions pour engager un futur culturel adéquat?

L’architecte et universitaire libanais George Abid parle de l’expérience du Centre arabe pour l’architecture basé à Beyrout qui “se veut être une plate-forme de la Culture” qui, mis à par, l’autofinancement assuré par ses adhérents, il se base aussi sur des financements privés locaux et des dons de l’Union Européenne (UE).

“Suite à la guerre, la ville de Beyrout a connu la reconstruction avec une architecture symptomatique et défigurée de son identité”, a-t-il rappelé tout en tirant la sonnette d’alarme “le Monde arabe risque la dérive s’il ne tient pas compte de son identité architecturale”.

Parlant de la promotion de la culture en Tunisie, Sofien Rouissi, Artiste danseur et chorégraphe co-fondateur de la biennale d’Art contemporain en Tunisie “Dream City” a évoque cette plateforme “qui se veut “un espace public mais aussi un espace de liberté”, a-t-il dit.

Crée dans le cadre de l’association “L’Art Rue”, Dream City s’est lancé dans des expositions ainsi qu’une fabrique artistique dans une région rurale au Nord-Ouest (Sejnene ), “un projet suspendu faute de financement”, regrette Rouissi.

Cette biennale d’art contemporain oeuvre à occuper les espaces publics par des oeuvres thématiques en plus de l’organisation de laboratoires de réflexion en impliquant artistes, philosophes et citoyens.

Quant à l’expérience culturelle égyptienne, elle se focalise sur une plate-forme électronique créée par un groupe de journalistes au lendemain de la révolution de 2011. Lina Atallah, éditrice de “Mada Masr”, basée au Caire, parle de ce changement de la dynamique culturelle à travers la création d’un nouveau type de média.

“Mada Masr” exerce un journalisme d’investigation en publiant des articles de fonds et des enquêtes sur l’art visuel, tout en engageant “un langage intelligent”, a-t-elle avancé.