“La difficile transformation des médias”, nouvel ouvrage de Larbi Chouikha

L’universitaire Larbi Chouikha vient de publier son nouveau livre intitulé “La difficile transformation des médias: des années de l’indépendance à la veille des élections de 2014”. Un ouvrage de 115 pages dans lequel il explique l’évolution du paysage médiatique en Tunisie depuis plus d’un demi siècle.

Le chercheur et journaliste a tenté de présenter une lecture pour décortiquer les spécificités du paysage médiatique durant cette période et la relation des entreprises de presse avec le pouvoir politique en place, en se basant sur des faits réels.

“De l’étatisation de l’information: depuis les années de l’indépendance au 14 janvier 2011” est le premier chapitre où l’auteur parle du pouvoir discrétionnaire de l’administration, caractérisé notamment par la saisie des revues et journaux tunisiens ou étrangers et l’interdiction de leur distribution.

Ce livre de réflexion, publié aux éditions Finzi avec le concours de la Coalition Civile pour la défense de la liberté de l’expression (Ccdle) et le soutien de l’International Media Support, évoque également ce qui a été appelé “éclaircies politico-médiatiques”. A ce sujet, il explique comment la généalogie et l’évolution de l’Etat tunisien ont toujours façonné le champ journalistique dans son ensemble.

Il prend l’exemple de l’année 1977 qui, écrit-il, fut “une parfaite illustration de ce moment d’éclaircie avec la reconnaissance de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme et l’apparition des premiers journaux indépendants”. Parmi les illustrations les plus édifiantes figurent également la parution des premiers titres de la presse partisane sous le régime de Bourguiba et l’amorce de l’ouverture de l’audiovisuel aux promoteurs privés sous Ben Ali.

L’autre caractéristique porte sur l’irruption des technologies de la communication dans les foyers tunisiens, un intérêt qui va s’accentuer à partir des années 2000 au contact de l’internet et ce qui en suit: développement des réseaux sociaux et la naissance d’une nouvelle génération, celle des cyberdissidents appelant petit à petit à rompre avec le régime de Ben Ali et dont les signes énonciateurs sont les événements de 17 décembre 2010.

Des séquelles de l’étatisation, l’auteur aborde dans le second chapitre “les aléas de la transition” où il décortique en détails trois moments fondamentaux qui vont peser sur l’évolution du champ médiatique: la formation des instances promotrices des réformes de médias (mars-octobre 2011, élections de l’ANC), l’émergence de gouvernements successifs à dominante islamiste et le développement de la violence politique.

En guise de conclusion, le professeur Larbi Chouikha estime que cette transition peut avoir deux effets foncièrement contradictoires: soit déboucher sur des situations totalement nouvelles et inédites afin d’esquisser un nouveau paysage médiatique réellement indépendant, transparent et démocratique, soit renouer avec les mêmes pratiques et les mêmes schémas que ceux qui avaient cours avant le 14 janvier 2011.