Tunisie médias : «Les législateurs n’ont pas vu plus loin que le bout de leur nez»

amelmzabi-stdm-medias-tunisieLe rôle des structures représentatives des médias est indispensable dans le développement du 4ème pouvoir et surtout sa professionnalisation. La première chose qu’elles doivent assurer est avoir la vision, fixer les objectifs et tracer des stratégies. Des stratégies qui ne doivent pas être projetées sur 2 ans ou une année comme c’est le cas aujourd’hui. « Les projets des lois conçues pour régir le secteur des médias ont prouvé à quel point les législateurs étaient “court-termistes”. Ils ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez et en voulant réguler le contexte du moment, ils n’ont pas anticipé l’évolution rapide du secteur » nous a déclaré Amel Mzabi, présidente du Syndicat tunisien des Dirigeants des Médias (STDM) dans un entretien que nous publierons bientôt.

Amel Mzabi a indiqué que les Médias représentent un secteur très dynamique et évolutif, ce qui n’a pas été pris en compte dans la mise en place du cadre légal. Elle a donné l’exemple de l’article touchant à l’approbation du visa pour une publication ou un média à une personne physique alors qu’après le 14 janvier, il y a eu du nouveau et qu’on avait autorisé les personnes morales à monter des projets médiatiques. «Rien ne parle de cette nouvelle donne dans l’article 115 de la loi sur la presse, nous n’avons rien qui l’organise. Donc c’est une loi d’ores et déjà « périmé ». Pareil pour la presse électronique, nous n’y trouvons rien qui se rapporte aux conditions d’octrois et d’exercice des supports et de la presse électronique et encore moins de la réguler ».

En effet, à ce jour, aucun moyen légal ne spécifie les caractéristiques qui peuvent différencier un blog, d’une page sur le net ou un site d’un journal électronique. « Comment évaluer et organiser ces supports médias importants et incontournables si nous n’avons pas de référence légale et comment octroyer des cartes professionnelles de journalistes lorsque nous ne savons pas si le journal réuni toutes les conditions requises. Comment exiger que ces supports soient soumis aux cadre réglementaire régissant les médias si la loi les ignore?»

La HAICA rebaptisée aujourd’hui HACA, (on a enlevé Indépendante et par contre le I) Haute Autorité de la communication audiovisuelle, une appellation d’ores et déjà dépassée dans les pays développés, comme en France, car devenue, Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) n’agit pas réellement dans le dessin de professionnaliser et d’améliorer les performances du secteur en Tunisie. Son rôle est plutôt coercitif et encore, elle n’assure même pas son rôle de veille aux médias quant aux contenus des supports dont nombre a été nuisible à la paix sociale et même à la sécurité nationale. Son rôle est réduit à délivrer les autorisations de diffusion aux chaînes de télévision et aux radios et aux distributeurs de services à quelques exceptions près et encore, elle ne serait pas impartiale et équitable dans les décisions pour l’octroi des autorisations en question.

Amel Mzabi, avait déclaré à Midi Show « Que cette autorité, temporaire, n’a pas un rendement sérieux et ne respecte même pas la loi qui a permis sa création. Elle a aussi ajouté que la HAICA essaie parfois de changer les lignes éditoriales de certains médias et va jusqu’à influencer certains des recrutements »
11 plaintes ont été déposées auprès du Tribunal Administratif contre certaines décisions de la HAICA avait tenu à préciser madame la présidente.

Nous y reviendrons