Foin, alfa, cactus…pour transfigurer Djebel Semama afin d’en faire une “mine” culturelle

Transfigurer un lieu, remplir des zones de silence et d’oubli, inventer pour créer certains espaces vides mais envahis par le noir, inviter l’autre aussi loin qu’il soit, tel est la philosophie des membres du nouveau centre culturel de Djebel Semama (Kasserine) anéanti dernièrement par des actes terroristes ayant entraîné la mort de quatre de la garde nationale.

En effet, ce nouveau-né s’attelle à fignoler, avec des moyens de bord assez modestes, sa programmation artistique qui débutera le 1er mars prochain avec la danse non pas des loups mais “d’el agueb” (vautour), et ce, sur la colline connue par le nom de “Ragoubet el agueb”. De ce lieu naturel, démarrera la première activité destinée à l’enfance, dans le cadre du lancement du “Ciné-Jebel”, logé dans un ancien poulailler, dont un militaire retraité Othman Hilali a fait don pour en faire usage à des activités culturelles, programmées chaque dimanche.

Porté par le défi à une ère où les salles de cinéma sont au bord du naufrage, le ciné-Djebel aura pour chaises du simple foin auquel l’accès ne sera pas fait sur un tapis rouge mais sur la “alfa”.

L’ouverture du cycle de projections sera marqué par deux courts métrages de Mohamed Debbabi, un ancien court en noir et blanc “The champion” de Charlie Chaplin et “Les souliers de l’aid” d’Anis Lassoued.

Selon le coordinateur du centre Adnene Hilali, le programme prévoit également la présentation du “Pont du cinéma”, l’intitulé d’un tableau de break dance élaboré par des jeunes, pour raconter à travers leur art, la souffrance de la population d’el Mrifeg au Djebel Semama isolée des autres villages par l’oued d’El Hessyane.

Au programme de cette nouvelle “mine” culturelle, figure également une exposition d’arts plastiques “Zeineb dans le champs de Sabbar” (cactus ou figuier de barbarie) de l’artiste autodidacte Zeineb Ben Ahmed, qui a fait des plaines et des collines un atelier de peinture, où elle accroche ses tableaux sur les troncs d’arbres et non sur des cimaises d’une galerie. “C’est impossible dit la fierté, c’est risqué, dit l’expérience, c’est sans issue, dit la raison, mais essayons dit le coeur” avait écrit l’écrivain américain William Arthur Ward, connu pour ses proverbes et citations.

Enfin, un petit théâtre sera installé sur “Ragoubet El Agueb” où se produiront les troubadours du Djebel qui se préparent à la Marche des roses le 28 mars à l’avenue Habib Bourguiba pour crier fort “L’enfant en milieu rural a droit à la culture”.