Tunisie-Théâtre : “Solwene” d’un printemps sombre sans fin

Dans le pays du “printemps arabe”, le printemps semble lointain. Des évènements ont surgi faisant chambarder la succession des saisons et laissant place à une sorte de chaos spirituel et émotionnel.

Dans un dialectal tunisien, l’avant-première de « Soulwène ou “OlvidO” (mot espagnol qui signifie l’«oubli») de Leila Toubele dessine le portrait d’une femme noyée dans ses souvenirs et cerne les contours d’une patrie blessée.

Son identité est double, elle est à la fois femme et Patrie. Elle incarne le présent et le passé mais son futur semble perdu par des souvenirs qui la hantent toujours.

“Olvido”, l’eau de l’oubli qu’elle boit contre un printemps sombre sans fin et un passé dont les traces n’ont de place que dans ses mots, ses cris et sa douleur.

Enveloppée dans sa robe blanche de mariée, elle surgit de nulle part faisant naître une lueur d’espoir. Au fil des mots, les paillettes deviennent comme des larmes pour ne laisser paraître d’elle que le noir de cette trame pas comme les autres.

Elle livre les secrets d’une vie, d’un passé et d’une femme sans nom qui se cherche dans l’oubli. Frappée par une amnésie temporaire, cette femme rentre dans une sorte d’hallucination sans fin. Un coffre rouge qu’elle traîne derrière contient tout ce qu’elle a cru oublier. Buvant “Solwène”, eau de l’oubli de tous ses maux et ses souvenirs de femme et de patrie.

Cette femme habillée en petite tenue rouge, dit avoir oublié son nom mais qu’importe le nom devant l’intensité du verbe.

Leila Toubele, révèle en elle la force d’une femme vouée à l’oubli et d’une patrie habitée par la volonté de tout reconstruire. L’actrice en elle se défoule, danse, crie et se métamorphose sur scène dans un texte qu’elle a elle- même écrit.

Une standing-ovation qu’elle a amplement méritée par la foule de spectateurs entre journalistes, acteurs et politiciens, venus découvrir l'”OlvidO” tunisien. Il s’agit d’une pièce de théâtre portant le chagrin d’une femme, d’une société et d’une patrie meurtrie par la réalité mais qui n’a toujours pas perdu espoir de voir enfin le jour se lever.