Tunisie : Siliana commémore les tirs à la chevrotine sur les manifestants

La population de Siliana va commémorer au cours des deux prochains jours « les incidents de la chevrotine », du nom des incidents d’il y a deux ans marqués par des tirs de la police aux fusils à grenaille sur les manifestants.

Ce fut il y a deux ans, fin novembre 2012, au plus fort des manifestations « pour le droit au développement et à l’emploi » et pour réclamer le remplacement du gouverneur de la région.

Une partie de la population locale reprochait à ce dernier « de consacrer un agenda partisan et de refuser tout échange avec la société civile, les partis et les organisations ».

Le programme des commémorations concocté par l’Union régionale du travail comporte un colloque et des workshops sur les problèmes de développement dans la région et le schéma de développement alternatif. Nombre d’experts y ont été conviés.

Ces rencontres donneront lieu à l’adoption d’un document final qui sera transmis au gouvernement. Est également prévue une exposition d’arts plastiques inspirée du thème de cet anniversaire, de même que des ateliers de travail artistiques, une représentation théâtrale, la projection d’un film documentaire et des joutes poétiques.

Un grand rassemblement populaire sous la présidence du secrétaire général de l’UGTT sera le clou de la deuxième journée des festivités.

Les « incidents de la chevrotine » avaient fait l’objet d’une commission indépendante d’investigation issue du Forum tunisien des droits économiques et sociaux.

Dans son rapport publié en mars 2013, cinq mois après les faits, la commission a mis en cause « le recours excessif à la force » de la part de la police, de même que la violation de la loi en raison de « l’absence de riposte graduelle » aux protestations et, surtout « l’utilisation de la chevrotine internationalement interdite sauf en cas de péril immédiat ».

Ces évènements avaient provoqué une vaste controverse entre le gouvernement d’alors, d’une part, et plusieurs parties prenantes politiques, syndicales et militantes, d’autre part en raison du lourd bilan de la répression: 200 blessés, dont plusieurs victimes atteintes de cécité ou d’incapacité permanente.