Tunisie-Politique : «On ne joue pas cavalier seul lorsqu’il y a péril en la demeure»

Par : Autres

Le discours politique des derniers mois est en total déphasage avec la réalité locale et régionale que nous vivons.

Personne ne peut nier ni ignorer les desseins de l’islam politique dans notre région et plus particulièrement dans notre pays devenu la plaque tournante du terrorisme djihadiste et dernier bastion chef-lieu des Frères musulmans. Aujourd’hui notre pays est devenu la clef de l’avenir de la région lequel s’exprime chez les islamistes et leurs tentacules djihadistes par la déstructuration des institutions de l’Etat et la fragilisation de l’unité nationale ainsi que celle existant entre les différents corps sécuritaires. Entreprise démarrée avec leur accession au pouvoir. Encore heureux que la société civile tunisienne, très éveillée, ne soit pas tombée dans ce piège.

Partant de ce constat, le discours qui prône la gouvernance collégiale de notre pays par l’entremise d’une entente préalable entre les progressistes et les différentes factions islamistes, qu’elles soient identifiées ou sous couverture, est d’ores et déjà considéré comme un discours de trahison envers notre civilisation plusieurs fois millénaire et intrinsèquement moderniste.

Tout comme il faut déplorer la naïveté de nombre de chefs de partis politiques qui pensent que la sortie de crise se fera par le biais des urnes. L’ISIE, j’en ai bien peur, est infiltrée jusqu’à la moelle; et dans son plan A, Rached Ghannouchi, dont le quartier général de Montplaisir regorge de compétences dissimulées au grand public, serait capable de tramer un scénario à l’algérienne à l’encontre de son propre pays s’il n’avait pas ce qu’il veut par les urnes.

A Montplaisir, il y a toutes sortes de compétences récupérées après la révolution et dont une partie était en exil (la plus dangereuse) maîtrisant la mécanique administrative et capable de la verrouiller. L’amnistie générale les a tous libérés. Ce sont ces cadres administratifs qui ont étudié dans les écoles bourguibiennes et dont l’enseignement a été payé aux prix du travail et de la sueur de millions de Tunisiens, qui pourraient, le cas échéant et sur ordre du Grand gourou, se retourner contre leurs propres concitoyens. Les fatwas existent pour cela et le paradis le mérite bien!

Toute tentative d’un parti civil progressiste de s’allier avec les partis à référence religieuse qui viserait l’édulcoration de ces derniers afin de parvenir au pouvoir doit être considéré comme étant un traître envers la nation, tout comme ceux qui veulent aujourd’hui jouer cavaliers seuls alors qu’il y a péril en la demeure. Ils sont des traître parce qu’ils trahissent la mémoire des martyrs et détruisent l’avenir de la Tunisie.

Nos officiers et soldats qui ont donné leurs vies pour sauver les valeurs républicaines et préserver la civilité de l’Etat valent bien que l’on s’unisse pour eux. Depuis plus de 50 ans, la Tunisie s’est hissée au niveau des nations libres et indépendantes avec des institutions mondialement reconnues et respectées. Aujourd’hui, il y a un projet obscurantiste d’un islam politique qui risque de l’«iraniser» et de la renvoyer aux méandres du moyen-âge non pas éclairé tel celui de l’Andalousie mais celui de l’ignorance et de l’intolérance qui renvoie à la secte des Assassins.

Après toutes les péripéties que nous avons vécues depuis l’avènement de la Troïka au pouvoir et particulièrement suite à l’assassinat de Chokri Belaïd, il est clairement prouvé que notre projet sociétal est diamétralement opposé à celui d’Ennahdha et ses tentacules.

Le malheur est qu’en ce moment même nous accusons un déficit douloureux en leadership capable de nous sortir de cet abîme. La fatalité nous a imposé de faire avec ce qu’il y a comme leadership.

Alors, je ne vois qu’une seule solution: que tous s’unissent autour d’un projet, le projet sociétal dont le mode de vie que nous avons hérité de nos parents et de nos grands-parents servira de programme autour duquel j’invite tous les partis progressistes sans référence religieuse particulière pour y adhérer. Du Front populaire à Nidaa Tounès. Oui, il est possible que ces partis aient une vision commune, un programme commun et même des listes électorales communes.

Toute autre attitude ou considération égoïste électoraliste pouvant faire basculer définitivement la Tunisie dans le giron de l’obscurantisme et dans les bras du Satan enturbanné est synonyme de traîtrise.

Par Maher Haffani