Tunisie-Religion et politique : Prêchi prêcha et le Cheikh continue comme si de rien n’était

La feuille de route des parrains du dialogue national prévoit parmi ses clauses la modification des nominations partisanes. Cette clause est loin d’avoir été respectée même si des avancées ont été réalisées.

Elle prévoit aussi de « neutraliser » les mosquées pour les rendre à leur fonction première, des lieux de culte. Mais à l’évidence dans la vision du gouvernement cette neutralisation veut dire que ceux y prêchent sont les seuls imams placés là par la volonté du ministère des affaires religieuses. Mais comme on sait que ce ministère est par la force des choses sous la mainmise des islamistes, qui pourrait garantir que ceux qui font le sermon du vendredi ne vont pas orienter leurs ouailles vers un parti plutôt que vers un autre en leur disant par exemple qu’ils doivent choisir entre ceux qui sont pour Dieu et ceux qui ne sont pas.

Suivez mon regard. Tant que la confusion est de mise et que l’amalgame est plus que jamais d’actualité. Hamma Hammami a bien raison de poser des questions sur ce plan, surtout que lui en tant que militant communiste peut être taxé d’apostasie même s’il respecte le jeûne et rêve un jour de se rendre à la Mecque pour y accomplir le pèlerinage. Son camarade du Front populaire Mohamed Brahmi n’a-t-il pas été assassiné alors qu’il jeunait et dans sa vie il avait accompli plusieurs fois la cinquième obligation de l’Islam.
Au cours des campagnes électorales puisqu’il y en aura deux et qui se chevauchent s’il vous plait, la religion joue un rôle majeur. Nous sommes au mois sacré du Ramadan. A la fin du juillet ce sera la fête de l’Aïd Fitr. Début octobre ce sera l’Aïd al-Idhaa, précédé bien sûr par le pèlerinage et tous les préparatifs qui vont avec. Je ne crois pas que ce calendrier soit le fruit du seul hasard. Lorsqu’on se rappelle les atermoiements de certains partis sur la loi électorale et leur crispation sur une question somme toute de détail concernant la primauté de l’une ou l’autre des élections législatives et présidentielle, et le tems long mis à lui trouver une solution, on ne peut ne pas penser qu’ils ont voulu un tel calendrier qui leur est par la force des choses favorable. Sans parler du fait que ce calendrier imposé sous la contrainte, car il n’y avait d’autre choix compte tenu de l’obligation constitutionnelle d’organiser les élections avant la fin de l’année n’offre que peu d’espace aux délais d’inscription sur les listes électorales mais cela est une toute autre histoire.
Revenons aux prêches du vendredi. Quand on sait que la majorité des imams ont une coloration politique évidente, que le ministère des affaires religieuses est aux mains de responsables forcément de cette même coloration politique, il y a lieu de se poser légitimement des questions. Sur ce plan l’égalité des chances qui est à la base même d’élections libres, loyales et transparentes est impossible à atteindre quelque soit la bonne volonté du gouvernement. Faites le compte cinq mille mosquées avec des centaines de fidèles cela donne un paquet d’électeurs.