Le carnaval médiatique bât son plein ces derniers jours

La troïka « virée » du pouvoir s’accroche lamentablement, essaye de faire pression sur le nouveau gouvernement pour l’empêcher de répondre aux exigences de la feuille de route,se démène pour sauver ses ligues de protection de la violence et de la haine, octroie des médailles aux ex-gouverneurs limogés, se permet de remettre en question l’Histoire en dénigrant l’indépendance de la Tunisie, se lance dans une série de visites « officielles » à l’étranger aux frais du contribuable pour mieux tromper la sphère internationale, tente un subterfuge cousu de fil blanc en faisant « démissionner » son « dissident » Jebali, et finalement se remet au discours « réchauffé » de l’exclusion des ex-RCD.

Les « perles » à ce propos ne manquent pas à ceux qui veulent bien les chercher.

Hier, Mohamed Bennour sur Nessma a tenté un discours « révolutionnaire » en plaidant pour l’exclusion de ceux qui ont muselé l’opposition tunisienne durant l’ancien régime. Il a oublié certainement que l’on doit à Ettakatol la « réintégration précoce » d’un de ceux qu’il décrit aujourd’hui comme un danger pour la démocratie, le gouverneur de la Banque Centrale, Chedly Ayari, ex- membre de la chambre des conseillers jusqu’en 2011. Il oublie que son parti à permit à ce dernier, début 2012, de faire devant l’assemblée un fervent plaidoyer de ses faits d’armes sous l’ancien régime, dont quelques écrits louant l’ex-dictateur et le fameux article de loi infligeant des peines de prisons aux opposants soupçonnés de « traitrise » dès qu’ils s’exprimaient hors de nos frontières. Cela valait certainement le coup en ce temps là de s’octroyer la collaboration d’un gouverneur conciliant et pas trop regardant sur les « choix » économiques du gouvernement.

Les exemples de paradoxes relevant de ce nouvel accès schizophrène sont multiples, de la nomination en 2012 de Lotfi Touati, ex-policier, à la tête d’ « Essabah » aux innombrables « petites mains » auxquelles la troïka a eu recours dans tous les secteurs administratifs centraux et régionaux, jusqu’au freinage volontaire de la mise en place du processus de justice transitionnelle.

La troïka, lancée à corps perdu dans une campagne électorale avant terme, essaye de faire oublier qu’elle a eu, non seulement les mêmes travers que l’ancien régime en terme de nominations partisanes, de pratiques dictatoriales face à la liberté d’expression, de mépris pour « l’état de droit » de la part de ses hauts responsables…Mais aussi qu’elle a englouti en deux ans les économies du pays en distribuant des faveurs ici et là, tenté d’imposer une constitution de dictature islamique, et entravé férocement le processus transitionnel démocratique en s’accrochant à sa « légitimité ».Elle tente d’effacer de notre mémoire qu’elle a tiré à la chevrotine sur des citoyens sans défense. Elle veut se disculper de sa complicité avec le terrorisme et son acoquinement avec les milices des LPR, faisant le lit des assassinats politiques et des attentats odieux contre les forces de sécurité, de sa promotion du Jihed et de son laissez aller face à la prolifération de la contrebande et des associations “caritatives” au financement plus que douteux.

Il est nécessaire de ne pas se laisser avoir par tout ce remue ménage et de ne pas perdre de vue les vraies attentes de la Tunisie et les dangers qui guettent son avenir.

Ne pas perdre de vue que l’assemblée devenue législative se doit d’être sous le contrôle d’une instance constitutionnelle provisoire et se restreindre à « préparer le terrain » pour les prochaines élections.

Ne pas oublier que le gouvernement est transitoire et qu’il ne doit pas relancer des projets de lois, accords et autres conventions ou réformes sans recourir au consensus national.

Ne pas oublier les tenants de la feuille de route que le dit gouvernement doit appliquer, en terme de révision des nominations partisanes, de neutralisation des mosquées et de dissolution des LPR.

Ne pas oublier qu’il est indispensable de recourir au dialogue de tous les protagonistes pour réaliser une paix sociale satisfaisante et encourager les investisseurs.

Ne pas oublier d’exiger de la transparence quand aux dossiers du terrorisme et du retour programmé des jihadistes tunisiens partis en Syrie.

Ne pas oublier enfin que les tentatives de diviser le peuple tunisien sont le propre de ceux qui ont malheureusement pris le pouvoir après les élections passées et qu’ils en useront indéfiniment pour se remettre « en selle ».

Alors, n’oublions rien et allons de l’avant, unis, pour que vive notre belle et ambitieuse Tunisie…

 
Par Selma Mabrouk, députée Massar