Tunisie : Conférence de Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine 2008

Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine 2008 a donné, lundi à l’institut Pasteur de Tunis, une conférence de presse et une conférence grand-public sur les derniers progrès de la lutte contre le virus VIH/SIDA.

Françoise Barré-Sinoussi a donné sa conférence suite à l’invitation de l’institut français de Tunisie et l’institut Pasteur de Tunis. Elle a parlé d’un immense progrès réalisé dans la lutte contre le sida, affirmant que “la phase actuelle est globalement une phase de ralentissement de l’épidémie”.

En effet, et toujours selon le prix Nobel de médecine 2008, le taux de mortalité suite à une atteinte par le virus du sida a été réduit de 85% par rapport aux premières années de sa découverte grâce notamment aux nouveaux outils délivrés par la science. “Maintenant que nous pouvons contrôler l’espérance de vie chez les personnes atteintes du sida, l’objectif est de trouver un vaccin pour la prévention et un remède pour guérir les malades”, a-t-elle ajoutée.

Dans une déclaration à l’agence TAP, Françoise Barré-Sinoussi a expliqué que ce progrès scientifique dans la lutte contre le sida est du en grande partie à la mobilisation des activistes et de la société civile internationale pour faire pression contre les entreprises pharmaceutiques afin de débloquer les fonds nécessaires pour la recherche scientifique.

Elle a également évoqué le volet social, affirmant que les gens ne meurent plus à cause du sida, appelant tout le monde à aller faire le dépistage (les chiffres de l’OMS montrent que 50% des personnes infectées ne le savent pas) et à arrêter la discrimination contre les malades du sida et à le considérer comme une simple maladie qu’on peut soigner.

Côté chiffres, l’Organisation mondiale de santé (OMS) affirme que 34 millions de personnes vivent avec le virus du VIH, dont seulement 10 millions sont sous traitement. L’objectif est, selon Françoise Barré-Sinoussi, d’atteindre 15 millions de personnes traitées à travers le monde en 2015: “C’est un pari loin d’être gagné vu qu’il faut, pour l’atteindre, débloquer la somme de 22 milliards de dollars”. Dans ce cadre, le Fond mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme s’est engagé à garantir la somme de 12 millions de dollars. “Ce n’est pas suffisant. Il faut maintenant chercher de nouveaux mécanismes de financement”, a expliqué madame Barré-Sinoussi.

Concernant la Tunisie, les chiffres du ministère de la Santé montrent que 70 nouveaux cas de contamination par le virus VIH sont découverts chaque année. Depuis 1985, date de la découverte du Sida, 1865 cas ont été découverts en Tunisie, dont 55% âgés entre 25 et 34 ans. Le nombre de décès s’élève à 572 cas depuis le premier cas enregistré. Les rapports sexuels non-protégés sont la cause principale de contamination, avec un pourcentage atteignant les 49%. La Tunisie dispose actuellement de 25 centres de dépistage anonymes et gratuits. Cependant, ces centres reçoivent uniquement 115 personnes par mois. Françoise Barré-Sinoussi, tout comme Hechmi Louzir, directeur général de l’institut Pasteur en Tunisie, ont lancé un message clair et précis: “Soyons tolérants avec les malades du sida. Il s’agit uniquement d’une pathologie”.