Mehdi Jomaa – Gouvernement : Waktech, Kaddech wil mlih yibta…

 Que de gouvernements ont été constitués, dé-constitués et reconstitués depuis que Mehdi Jomaâ, issu du Dialogue national, a été l’élu. Un élu dont la tâche n’est pas aussi simple que nombre de Tunisiens semblent le penser.

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Eh non, la plupart des noms qu’on trouve sur les réseaux sociaux, ou dans quelques journaux ou sites électroniques lesquels se ressourcent eux-mêmes sur le Net ne se basent sur aucun élément réel, si ce n’est quelques noms ballotés çà et là et dont on sait qu’ils feront en principe partie du prochain gouvernement, comme Ghazi Jeribi, ministre de la Justice et Lotfi Ben Jeddou, ministre de l’Intérieur. Pour le reste, et comme on le dit si bien chez nous, «Limlih yabta»…

On attend beaucoup de l’équipe Jomaâ. Elle doit être immaculée aussi pure qu’une jeune vierge la nuit de ses noces avec l’expérience, le savoir-faire et l’efficience en plus. Les membres de la prochaine équipe gouvernementale ne doivent pas avoir occupé de très hauts postes décisionnels du temps de Ben Ali, ils ne doivent pas avoir de couleur politique et surtout être au-dessus de tout soupçon s’agissant de leur intégrité morale et de leur respect des lois et des convenances.

Mehdi Jomaâ, outre les conditions citées plus haut, est bien décidé pour sa part à mettre la barre très haut. Soit une équipe avec des CV défiant toute concurrence dénotant d’une grande expérience, chacun et chacune dans son domaine. L’exigence d’une expérience managériale hors du commun, d’une capacité à gérer aussi bien les administrations publiques que les difficultés qui risqueraient de se mettre au travers de leurs chemins. Les personnes qui seront sélectionnées ou l’ont déjà été doivent bénéficier d’un rayonnement aussi bien national qu’international.

Parmi eux, il y en a qui possède une distinction que rares sont les personnes qui en ont de par le monde. Il est originaire de Gafsa.

Pour le reste, ce sont des diplômés et des ressortissants tunisiens des écoles les plus prestigieuses de Tunisie et d’ailleurs. La logique de ce nouveau gouvernement n’est ni dans la complaisance ni dans l’allégeance, plutôt dans l’action et l’efficience. C’est le principal message que s’efforcera de faire passer le nouveau Premier ministre au peuple tunisien qu’il est décidé à ne pas décevoir. Il aspire à répondre aux attentes exprimées par les uns et les autres, mais comme il l’a dit lui-même lors de sa première apparition, «Je ne suis pas un faiseur de miracles»…

Il aura à renouer le dialogue entre les institutions étatiques, les acteurs sociopolitiques et les populations, et s’assurer de l’engagement de toutes les parties prenantes pour faire réussir le processus de remise en marche de la Tunisie.

Il aura à renforcer les logiques civiles porteuses de paix. Tout cela dépendra de sa capacité à prendre les décisions qui s’imposent quoiqu’il en coûte et de se positionner en tant que leader et meneur d’Hommes.

Des décisions courageuses et des actions pour une sortie de crise rapide.

Le 14 janvier a prouvé l’absence d’hommes politiques mobilisateurs, ce qui a porté atteinte à nos véritables repères en tant que Tuniso-tunisiens, au modèle de société dans lequel nous avons toujours vécu et à un système politique spécifique à notre pays. L’exception tunisienne n’est pas un leurre, c’est une réalité.

Le déficit d’idées politiques a donné lieu à une cacophonie généralisée et a créé un désordre que le nouveau gouvernement est appelé à remettre en ordre.

Sur le plan national, la célébration du 14 janvier a été marquée par le désenchantement des Tunisiens quant à la prétendue révolution et l’absence de l’ancrage du pays à l’international et notamment à l’échelle méditerranéenne à l’heure où nous assistons à des mutations géopolitiques profondes.

Pouvons-nous parler de constantes tunisiennes quand on voit une Assemblée en perpétuelle querelle de clochers et des acteurs politiques plus aptes à s’accuser mutuellement qu’à apporter des solutions?

Mehdi Jomaâ est-il le bon profil pour le contexte actuel? Attendons voir.