Raoudha Grafi : L’AMT s’alarme d’un plan destiné à placer la justice sous l’hégémonie de l’exécutif

L’Association des magistrats tunisiens (AMT) s’est alarmée, lors de la première réunion de son bureau exécutif issu du 11e congrès de l’organisation, d’un plan du pouvoir exécutif visant, à travers la Constitution, « à placer le pouvoir judiciaire sous sa totale hégémonie et à priver ainsi le peuple tunisien d’une justice indépendante ».

S’exprimant mardi lors d’une conférence de presse au local de l’association, la présidente de l’AMT Raoudha Grafi a engagé le Quartette parrain du dialogue à remplir son rôle en la matière. Elle l’a appelé à faire en sorte que les « atteintes » au pouvoir judiciaire cessent au cours des heures à venir « avant que les questions encore en suspens ne soient tranchées au niveau de la commission des compromis de l’Assemblée nationale constituante ».

A ce propos, elle a marqué son étonnement du bilan de ladite commission en ce qui concerne le pouvoir judiciaire, lui reprochant d’avoir contribué à la dégradation du service public de la justice et touché aux fondamentaux de son indépendance.

Grafi s’est d’autre part indignée des modifications apportées à l’article 112 de la future constitution qui, au lieu de faire état explicitement de l’indépendance du ministère public à l’égard du pouvoir exécutif, a-t-elle dit, « énonce maintenant que le ministère public exerce ses compétences dans le cadre de la politique pénale du gouvernement ».

« Ceci reviendrait à consacrer la dépendance du service public de la justice vis-à-vis du pouvoir exécutif et à constitutionnaliser la subordination aux instructions ».

Par la bouche de sa présidente, l’AMT a par ailleurs réaffirmé son attachement à ce que le Tribunal administratif soit compétent pour se prononcer sur la constitutionnalité des lois, en attendant la mise en place d’une cour constitutionnelle.

Elle a en même temps rejeté la proposition de la commission des compromis en faveur de la création d’une instance provisoire en charge du contrôle de la constitutionnalité des lois et « constituée majoritairement de juges nommés es-qualité, donc totalement à la merci du pouvoir exécutif ».