Tunisie – Transport : Rien ne va plus entre Tunisair et Syphax

L’airbus baptisé « El Qods » de type A330 acquis, le 21 juin 2013, par la compagnie aérienne privée «Syphax airlines » demeure bloqué à l’aéroport international de Tunis-Carthage et n’est toujours pas autorisé par la direction générale de l’aviation civile (ministère du transport), à entrer en exploitation, a indiqué à la TAP, Mohamed Frikha, PDG de la société.

Le ministère du transport a réagi, vendredi dans un communiqué aux affirmations du PDG de “Syphax Airlines”, lesquelles comportent, d’après le département, des informations erronées. Il a rappelé que “l’activité du transport aérien international est soumise à un ensemble de conditions techniques et juridiques, relatives à la sécurité, à l’exploitation et à la maintenance de l’avion, pour garantir qu’il soit en état de voler”.

M. Frikha a déclaré au correspondant de la TAP à Sfax, “que chaque jour de retard dans l’entrée en activité de cet avion destiné aux vols longs courriers, coûte à la compagnie 50 000 dinars, alors que l’airbus devait entrer en exploitation, une semaine après sa livraison.Nous avons déja enregistré 20 jours de retard”. Pour le département du transport “le lancement des vols sur l’avion A330, “El Qods”, nécessite l’approbation des manuels de procédures techniques qui concernent la maintenance et l’exploitation de cet appareil”, alors que Syphax Airlines “n’a présenté ces manuels que partiellement  avec un grand retard, malgré les correspondances adressées par le ministère du transport, pour parachever les procédures nécessaires à l’obtention de l’autorisation d’exploitation “.

En effet, précise encore le ministère, “il s’est avéré que les manuels en question comportent plusieurs erreurs et des données contradictoires. Le manuel de la maintenance ne concerne même pas l’A330, mais un autre appareil. L’approbation des manuels repose donc sur leur révision par la compagnie, du point de vue réglementaire et aussi concernant la conformité aux normes. En outre le dépôt des dossiers relatifs à l’exploitation de cet avion, doit se faire avant l’arrivée de l’A330 à l’aéroport de Tunis Carthage et non après sa livraison”.

Pour le département du transport, “la préservation de la sécurité aérienne et celle des voyageurs reste un principe irrévocable, qui dépasse tout intérêt financier et n’est pas négociable” ajoutant que “la problématique liée au dossier de l’avion de Syphax airlines est essentiellement technique et devrait être réglée dans ce cadre technique”.

De son côté le PDG de «Syphax airlines » a affirmé que la non autorisation de l’avion à entrer en exploitation est dûe en fait, à la signature d’un contrat de maintenance avec « Air France » et non avec le transporteur national « Tunisair », arguant que “cette dernière ne dispose ni des pièces de rechange, ni de la main d’œuvre qualifiée pour assurer la maintenance de ce type d’avion”. Et d’argumenter qu’«Air France » qui compte 29 avions de ce type, s’est engagée à livrer à « Syphax airlines » un avion de remplacement en cas où le transporteur Français se trouve dans l’incapacité de réparer une éventuelle panne.Il a estimé que cet engagement ne pourra pas être honoré par « Tunisair ».

M.Frikha a ajouté qu’Air « France » est certifiée à la norme “ETOPS”, règlement de l’Organisation de l’aviation civile internationale(OACI) permettant aux avions commerciaux équipés de deux moteurs, d’utiliser des voies aériennes à plus d’une heure d’un aéroport de secours, en particulier les parcours océaniques. Cette norme permet aux avions certifiés d’assurer des vols transatlantiques et constitue ainsi une condition nécessaire pour permettre à l’avion « El qods » de desservir les vols longs courriers, a encore fait savoir M.Frikha.

Il s’est étonné de ce qu’il a qualifié d'”entraves faites à Syphax airlines, ayant entraîné des pertes pour la société”. Il en est résulté un chômage technique pour 12 pilotes qui ont été formés depuis 2 mois, à la conduite de ce type d’avions en Belgique et en France. Ce retard dans l’exploitation du 1er Airbus A330, en Tunisie, empêche d’après lui, “une compagnie tunisienne de prendre part au développement des services du transport aérien en Tunisie et de la relier à des pays lointains, tels que le Canada et la Chine”. L’Airbus A330 capable de voler 12 heures d’affilée, avec une capacité de 278 sièges, est venu s’ajouter à la flotte de Syphax, constituée de deux A320 et d’un avion d’affaires, pouvant transporter 14 passagers.