Tunisie – Régions – Portraits de femmes rurales : Olfa, Aida, Jamila et les autres…

A force de persévérance et de labeur, des femmes rurales d’El Maâmoura, d’El Hawaria, de Bou Argoub (gouvernorat de Nabeul), et de Mereth (Gabès), sont parvenues à ériger leurs propres projets. La TAP a recueilli leurs témoignages, qui reflètent tous, un parcours semé d’embûches. Olfa Makhlouf, 40 ans, est propriétaire d’une pépinière à El Maâmoura qui fait travailler 30 ouvriers.

Ingénieur agronome, elle a quitté un poste de travail stable, pour lancer son propre projet. Elle a initié son projet en 2001, elle a du batailler sur le terrain, sans jamais baisser les bras, pour changer les mentalités et faire évoluer les méthodes traditionnelles habituellement, adoptées en agriculture.

Sa pépinière, qui s’étale sur 12 ha, est spécialisée dans l’aménagement des espaces verts, la vente de mobilier de jardin, de plantes ornementales, de gazon, de bacs à fleurs…

Férue d’agriculture, Olfa a voulu concrétiser son lien indissoluble avec la terre, en réalisant ce projet. Mère de trois enfants, elle a évoqué les difficultés qu’elle a rencontrées, dont notamment celle de la difficile conciliation entre contraintes professionnelles et vie familiale.

De même, la commercialisation de ses produits sur le marché local demeure une tâche épineuse qui requiert beaucoup de patience, dans un environnement marqué par une concurrence acharnée.

Aida Oun Allah n’est pas moins ambitieuse. Agée de 31 ans, elle gère seule depuis 12 ans, un projet d’élevage ovin et de transformation de produits laitiers. C’est à quatre heures du matin, elle se lève pour entamer des tâches préalablement établies. Elle doit parcourir plus d’une dizaine de kilomètres pour arriver à son lieu de travail dans la zone de Hawaria, car c’est d’elle que dépendent le suivi du travail et l’évaluation de la production.

Elle doit s’occuper de ses 35 vaches, transformer le lait en fromage, nourrir les veaux…, bref la jeune éleveuse doit accomplir toutes les tâches, pour sauver son projet à la force du poignet et régler ses dettes. Aida avait bénéficié au début d’un micro crédit pour acheter 3 génisses pleines et a travaillé dur pour agrandir son projet qui figure actuellement, parmi les projets agricoles à forte rentabilité.

Quadragénaire, dynamique et vivace, Jamila Mahrougua a eu l’idée de créer un projet, adapté aux spécificités de sa région. Il s’agit d’un projet d’élevage bovin et de fromagerie à Mareth. Elle a pour cela suivi une formation en juin 2012, destinée à l’initiation de la femme rurale à se lancer à son propre compte.

Selon Jamila, les difficultés majeures qu’elles a rencontrées sont d’ordre financier, “j’ai prospecté toutes les voies possibles pour chercher un financement. Hélas! je n’est obtenu aucune réponse et j’ai été obligée de financer mon projet par mes propres moyens”.

«La commercialisation du produit est un autre défi que le promoteur débutant doit relever, d’où la nécessité de multiplier les groupements de développement féminin, cadre idoine pour assurer l’autonomisation des femmes rurales », a t-elle estimé.

Animée d’une volonté inflexible, Sonia Jabari a installé son projet agricole et de fabrication de pâtisseries tunisiennes, à Bou Argoub.

La jeune femme a bénéficié au début d’un terrain de 3 ha dans le cadre de l’attribution de lots agricoles aux jeunes. Le lot qu’elle a eu à exploiter était au début « un désert sans âme » un terrain vierge, abandonné. Sonia s’est consacrée corps et âme, à la réussite de son projet, elle a du consentir beaucoup de sacrifices et a affronté courageusement la dureté du climat et la rudesse du travail. L’agricultrice est finalement, parvenue grâce à une volonté acharnée, à surmonter les difficultés. Outre les olives, elle a cultivé des légumes et des fruits et a mis en place une projet de fabrication de pâtisseries.

«Notre revendication à nous toutes (femmes rurales) est de multiplier le nombre des groupements féminins pour nous permettre de commercialiser ensemble, nos produits et être plus solidaires », a-t-elle souligné.

Évoquant l’importance du suivi de la femme rurale dans les différentes phases du lancement des projets, Mme Azza Souissi, coordinatrice de la cellule d’encadrement de la femme rurale de Nabeul, a précisé qu’elles ont besoin d’une assistance technique à travers les journées d’information et l’adhésion à des groupements de développement de la femme et des associations de développement. Selon la responsable, le rôle de ces structures est d’aider ces femmes à prendre connaissance des mécanismes de financement, à acquérir les compétences nécessaires pour installer leurs projets et à les aider à commercialiser leurs produits.

(Par Wafa Attyaoui – TAP)

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